Le temps infini. L'éternité. Un phénomène incompréhensible, trop grand, trop long. Pourtant vécu. Là, où nous nous perdons dans la sueur, les rythmes, les connexions insignifiantes qui sont si importantes sur le coup. Le temps n'a pas de compte. Une scène, un projecteur, un verre à la main. Les bleus que vous avez gardées comme un souvenir flou de votre vie quotidienne, de vos luttes quotidiennes. Ici et maintenant, vous êtes un·e gagnant·e. La bataille que vous n'avez jamais choisie et la bataille que vous avez choisi de ne pas poursuivre à ce moment précis. Une bataille que vous avez gagnée tout à l'heure, en défiant la notion de temps. Vous me regardez et vous voyez - je suis désarmée, et vous aussi. Nous avons laissé nos armures quelque part là-bas, prêts à lutter contre l'espace qui nous entoure avec uniquement des os et des muscles.
Une fête des temps sombres. Plus c’est sombre, mieux c'est. Coupez le courant. Nous avons toutes les bougies du monde pour éclairer les ténèbres. Et nous attendrons le matin pour mettre feu à la journée. Lorsqu'il ne reste plus de paraffine, lorsque toute la cire est fondue, le soleil se lève. Ne regardez pas votre montre. Ne cherchez pas d’horloge. Fermez les yeux et continuez.
C’est la transition entre l’avant et l’après. Comme si «après» était un objectif. Mais c’est maintenant que la magie opère. La magie est la nuit, la magie est interdite, la magie c'est toi et moi, et nous, et nos corps qui se touchent. Chaque goutte de sueur, chaque filament de salive est là pour remplacer le cadre du stagnant. Ici pour rompre la sérénité de l'attente avec l'anxiété de vivre ici et maintenant. La douce, douce anxiété. Ne regardez pas votre montre. Vous vous souviendrez de tout ce que vous avez aimé à ce moment où vous vous réveillez. Mais vous souvenez-vous de ce qui s'est passé juste avant de venir ici?
Ici, répétez après elle:
Je vais me balancer du lustre
Je vais vivre comme si demain n'existait pas
Je vais voler comme un oiseau dans la nuit
Je sens mes larmes, elles sèchent
Je vais me balancer du lustre
Illuminez toute la pièce à la lueur des bougies. Couvrez le feu avec votre propre corps. Jetez les ombres deux fois plus grandes que vous sur le mur. Plus vous vous rapprochez de la lueur des bougies, plus l'ombre devient grande, plus vous avez l'air effrayant. Profitez de votre silhouette là-bas, sur le mur. Combien de temps faut-il pour qu'une bougie brûle complètement? Dansez jusque-là. Jusqu'à l'épuisement, jusqu'à la toute fin. Jusqu'à ce que votre corps soit votre seul instrument.
Inutile de s'étaler, AEON III est marquant.